Soutien aux professionnels de la musique

Autant la musique est une incroyable source d’énergie et de joie pour ses créateurs et leur public, autant les industries musicales, les reseaux sociaux et les tournées peuvent transformer les artistes, à leur insu, en produits et machines commerciales. Idem pour la plupart des employés de ces industries. Quel paradoxe ! C’est de pire en pire avec la consommation gratuite de musique en ligne et depuis la crise du Covid. Pendant trente ans dans ce secteur j’ai souhaité pouvoir offrir un jour aux artistes mes services de psychologue et tenter de faire changer en douceur cette industrie. C’est vraiment le bon moment : la prise de conscience des risques comme des outils pour un meilleur bien-être mental se développent enfin.

Mes services aux artistes et professionnels de la musique

Une prise de conscience globale récente sur la santé mentale des artistes et du personnel
des industries musicales

Trois décennies au service des artistes, mon expérience dans l’industrie musicale

Préparation de la tournée musicale, sport de haut niveau

Guide Anxiété

Ce guide est TELECHARGEABLE GRATUITEMENT ICI. Publié par le Music Industry Therapists Collective en mars 2020 dès le premier confinement, il propose de manière claire et pratique des méthodes que j’utilise moi-même avec mes clients et pour ma propre santé mentale. A l’arrivée du second confinement, constatant que la situation risquait malheureusement de durer et souhaitant aider les artistes français si touchés par la pandémie, il m’a paru évident de le traduire pour l’offrir à tous ceux qui en auraient l’utilité.

APSArts

Félicitations à CURA qui organise de nombreux évènements (conférences, rencontres, ateliers), produit et co-produit des documentaires, a fait sa propre enquête sur le sujet de la santé mentale des artistes et fait du lobbying.

Voici ce que je propose aux artistes et professionnels de l’industrie musicale :

♣ Des séances d’une heure, soit en ligne, soit en face à face dans mon bureau à Brixton, Londres (voir lieu et tarifs sur Informations pratiques). J’offre un premier rendez-vous téléphonique ou en visio pour faire connaissance et voir comment nous pourrions travailler ensemble : conseil, thérapie integrative, coaching therapeutique, à mieux définir à partir du premier rendez-vous (voir mes services de conseil et thérapie)

  • Écoute active, empathie et soutien sans jugement pour permettre d’exprimer les émotions, identifier clairement les divers nœuds/déséquilibres/sources d’angoisse et comprendre d’où ils proviennent, dans un cadre clair, rassurant et bien sûr entièrement confidentiel.
  • Connaitre ses forces pour mieux les utiliser et accepter ses fragilités. Trouver l’équilibre entre les deux. Accepter les paradoxes et complexités de la profession pour ne pas les subir mais apprendre à jouer avec. Apprendre à utiliser sa créativité et notamment les outils utilisés sur scène (le chant, le corps, le rythme, la respiration) pour transformer, contourner et rebondir. Définir et se concentrer sur ses valeurs ou principes essentiels pour accepter les difficultés et se projeter sur le long terme.
  • Mieux comprendre les enjeux relationnels, professionnels et personnels, pour gérer les différences entre sphères publiques et privées – encore distendues par les media sociaux et la nature même de l’industrie musicale -, apprendre quelques techniques de communication, travailler la cohésion du groupe et gérer ses conflits.
  • Créer et trouver ses propres outils et ressources pour lâcher la pression, gérer les angoisses (notamment le trac, le ‘post tour blues’, les réseaux sociaux), changer les habitudes néfastes et créer de la résilience pour retrouver et entretenir équilibre et harmonie. Je propose notamment diverses techniques de sophrologie et de pleine présence (mindfulness), pour utiliser le corps et la respiration et/ou transformer les focus de l’attention et de l’intention.
  • Préparation des tournées, identifier les sources de stress et les besoins, mettre en place des ressources, proposer éventuellement une evolution dans l’organisation logistique et relationnelle. Voir ma présentation expliquant pourquoi un artiste en tournée mérite au moins les mêmes soutiens qu’un athlète de haut niveau: Préparation de la tournée musicale, sport de haut niveau.
  • Mise en contact avec des thérapeutes spécialisés ou autres ressources et appuis extérieurs si nécessaire.

♣  Coaching thérapeutique sur des festivals : service d’intervention ponctuelle à la disposition des professionnels présents sur le festival pour ‘vider son sac’ en toute confidentialité, faire le point sur les difficultés, prendre du recul, trouver des ressources et outils.

Interventions et présentations sur des panels ou ateliers, en conférences ou en entreprise pour permettre d’évaluer et de gérer les risques (burn out, discriminations, reactions face aux crises, gestion de conflit), et proposer des outils pour amorcer des changements. Lobbying associatif et personnel vis-à-vis de l’industrie musicale et des institutions pour mieux faire connaitre les besoins et générer si possible des ressources humaines et financières et des outils destinés à tous les membres des industries musicales.

Pour ce faire, je fais partie d’un collectif international Music Industry Therapists Collective qui propose diverses ressources, un échange entre professionnels confirmés tous issus de l’industrie musicale, une supervision et un travail de fond de communication, de formation et de lobbying sur le sujet. Voir leur excellent Guide to Anxiety and Self-Isolation à télécharger gratuitement, en anglais et en français (ma traduction)! Surtout, la fondatrice de ce collectif a publié en mars 2023 LE livre que tous les musiciens et leur entourage attendaient Touring and Mental Health, the Music Industry Manual. Cet ouvrage collectif de plus de 600 pages associe théories et pratiques, interviews d’artistes de renom, et études d’experts de terrain. Un e-book et un audio book sont en cours de production, et bientôt aussi une version française.

En France, je suis membre d’APSARTS, réseau de thérapeutes professionnels spécialisés dans les soins les plus variés pour musiciens (pas seulement en santé mentale). Il organise aussi des actions de prévention et de formation, auxquelles je participe regulièrement. La collaboration avec des professionnels ayant acquis une connaissance approfondie du corps des musiciens et conscients des liens indissociables avec le mental est particulièrement enrichissante et efficace.

Félicitations à CURA qui organise de nombreux évènements (conférences, rencontres, ateliers), produit et co-produit des documentaires, a fait sa propre enquête sur le sujet de la santé mentale des artistes et fait du lobbying.

Big Up à tous les collectifs de femmes qui se sont mobilisés depuis ‘Me Too’ et ont reussi à faire enfin vraiment changer les choses !! et à  shesaid.so dont la mission est de favoriser les échanges entre les professionnelles du secteur de la musique et de soutenir et  valoriser leur travail à travers le monde.

Depuis quelques années  les questions de santé mentale dans tous les secteurs de l’industrie musicale sont enfin abordées franchement et donnent lieu à des discussions, enquêtes, formations, thérapies spécifiques etc. Les artistes osent dire leur mal-être et même leur détresse, des professionnels ayant subi et/ou constaté tous les aspects pathogènes du secteur dénoncent les abus et/ou s’organisent pour y remédier. En France, on a sans doute encore du mal à parler de santé mentale, peut-être est-ce plus facile de l’aborder sous l’angle d’équilibre psychique.

. les musiciens classiques ont une formation axée sur la compétition et la pression perfectionniste pour créer une émulation anxiogène et une hypertechnicité aux dépends du lâcher prise, de la créativité, de l’écoute de l’autre et tout simplement de l’harmonie dans tous les sens du terme.

. les artistes pop sont bien souvent manipulés/utilisés comme des objets commerciaux qui sont jetés dès qu’ils ne peuvent plus rapporter, leur succès dépendant surtout de leur image médiatique. Ils sont de plus en plus pressurisés par l’hyperabondance de musique, l’hypercompétition et le pouvoir des réseaux, sociaux ou non.

. Entre la vie si excitante et intense de l’artiste en tournée et le retour à une vie banale et terne (post tour depression), il est très difficile de garder des relations interpersonnelles et maintenir des limites saines dans un secteur où tous les excès sont encouragés et l’ego survalorisé. Pire pour la célébrité qui fait vivre une dichotomie profonde et peut finir par détruire identité et sens commun.

. les professionnels d’une industrie volatile, subjective, sexiste, informelle, changeante au gré des évolutions technologiques, économiques et médiatiques. Ils sont écartelés entre une grande incertitude et des revenus irréguliers même si parfois énormes. Précarité + instabilité/incertitude = anxiété + dépression.

. L’avènement du numérique, le faux mythe de la démocratisation de la musique. Avec internet, l’artiste peut enfin commencer à contrôler sa production, sa promotion et sa distribution. D’une part il doit apprendre tous ces métiers, fournir du contenu en permanence et être sans arrêt en train de communiquer sur les réseaux sociaux. Par ailleurs il s’aperçoit rapidement que la validation de sa musique en ligne dépend de nombreux intermédiaires qu’il ne peut contrôler.  La démocratisation des moyens de production, de promotion et de distribution a créé un marché hyper saturé qui nécessite encore plus de visibilité et d’intermédiaires.

. Et maintenant c’est l’une des industries les plus touchées par la pandémie du Covid-19 qui ne fait qu’aggraver toutes ces difficultés, sans compter les questions identitaires et existentielles que nous n’avons même pas encore abordées et sont totalement remises en cause.

. La bonne nouvelle est cette prise de conscience et la création de diverses organisations ou programmes pour aider les professionnels de la musique, quels qu’ils soient. La parole se libère dans les media, les outils se mettent en place pour apporter des aides spécifiques à chacun, des réseaux de contacts et de lobbying travaillent ensemble, des enquêtes et recherches mettent à jour la profondeur des problèmes, des livres sont publiés, de vrais outils de coaching et de thérapie commencent à exister. Il est intéressant de noter que ce mouvement a démarré par des associations créées au sein même des communautés musicales les plus alternatives.

. 12 ans d’études de piano classique depuis la toute petite enfance ont surtout laissé des traces douloureuses et une grande frustration de ne pouvoir improviser ni jouer avec d’autres pour le plaisir. C’est sans doute pour cela que j’ai toujours été attirée par ceux qui pouvaient justement exprimer leurs émotions librement par la musique (souvent sans formation officielle). Dès le lycée, j’organisais des concerts, ‘manageais’ quelques musiciens et découvrais l’efficacité de nos complémentarités.

. Après avoir fait mes études de psycho très jeune, j’ai mis un pied dans l’industrie musicale au début des années 8Os grâce aux musiques africaines, caribéennes et urbaines en pleine ébullition et en militant contre le racisme. J’ai adoré l’ambiance festive, créative et engagée, constatant comment les artistes souvent si vulnérables tiraient une force inouïe de leur créativité et de leur rapport au public. J’ai trouvé naturellement une place de médiatrice et de coordinatrice entre des cultures si diverses. Après une première expérience dans les Caraïbes avec un label anglais puis à des postes divers dans les majors du disque, j’ai complété ma formation en business management et ai pu développer une belle carrière qui m’a permis de lancer des carrières internationales et de sillonner le monde avec des artistes de très haut niveau. Ceux-ci m’ont toujours dit à peu près ceci ‘Si je n’avais pas pu exprimer mes émotions auprès d’un public réactif à l’écoute attentive, je serais soit au cimetière, soit en prison, soit en hôpital psychiatrique’.

. Cependant cette industrie soi-disant créative avait du mal à s’adapter aux changements. Il semblait aussi que la rentabilité inouïe offerte par l’explosion des ventes de CDs encourageait l’exploitation et la manipulation des artistes et employés éblouis par les paillettes de la célébrité. D’abord dans les majors du disque puis en participant à la création et au développement mondial du Bureau Export de la Musique Française, c’est toujours en suivant mes convictions, souvent à contre-courant, que j’ai pu m’épanouir à la fois professionnellement et personnellement : en communiquant en profondeur avec les media ou les artistes, on a pu développer des stratégies originales, constructives et bénéfiques sur le long terme. Qui d’autre que l’artiste lui-même peut-il savoir ce à quoi il est prêt pour développer sa carrière? à condition qu’il sache comment le business fonctionne et qu’on prenne le temps de réfléchir ensemble en stimulant et en faisant confiance à sa créativité. Ces principes simples de connaissances factuelles, d’échange respectueux et d’innovation responsable se sont avérés tout aussi fructueux pour développer les productions musicales françaises en Grande Bretagne et pour s’adapter rapidement au numérique. Faire le lien entre les industries culturelles, le secteur éducatif, la société civile, les gouvernements et même des start-ups m’a permis de développer des outils originaux de distribution et de promotion, notamment dans les écoles avec les artistes eux-mêmes.

. Toujours passionnée par la justice sociale et la diversité culturelle, j’ai pu travailler avec l’ONU ou des associations africaines, nord et sud-américaines sur la fonction sociale du hip hop. Soudain l’explosion d’internet permettait de casser les barrières géographiques et sociales. J’ai collaboré avec des agrégateurs, fait des formations sur l’utilisation des outils numériques en Afrique et aux Caraïbes et créé une cellule de coaching aux artistes dans ce domaine.

. J’ai été également particulièrement sensibilisée au statut de la femme dans l’industrie musicale, personnellement d’une part avec des abus presque quotidiens (inconscients? culturels? heureusement cela peut enfin être dit et les choses changent !!!), et d’autre part en constatant que les chanteuses avaient du mal à utiliser leurs vraies voix/voies, ou même perdait complètement la voix quand elles réalisaient combien elles étaient manipulées et exploitées, le plus souvent pour leur image …

. Côtoyer des artistes au quotidien m’a permis de découvrir et développer ma propre créativité, notamment par la voix: travail de la respiration et des cordes vocales, improvisation, utilisation du chant comme outil thérapeutique («Chante ta douleur»).

J’ai eu la chance inouïe de travailler dans cette industrie au moment où elle était la plus riche et si créative. Mais la digitalisation de l’objet musical dont on espérait tant qu’elle démocratiserait le système s’avère avoir des conséquences terribles encore difficiles à évaluer : accroissement de la compétition et de la précarité ; mutation de l’artiste qui, de machine à sous pour majors devient un robinet à contenu numérique gratuit pour la planète ; harcèlement etc. L’avantage est que tout peut être dit, les contacts se resserrent, des actions très positives sont mises en œuvre et chacun peut participer à ce changement.

La tournée musicale, sport de haut niveau :  préparation physique, mentale et sociale

 A l’occasion de la semaine de de la santé des artistes organisée par APSARTS

Avec l’aide de Stephane Quoniam https://apsarts.fr/

Et Music Industry Therapists Collective  https://musicindustrytherapists.com/

Tourner avec une série de concerts ! le rêve devient réalité mais au prix d’épuisements physiques et mentaux dus aux rythmes effrénés, changements d’horaires, vie en groupe, contrastes saisissants – des hauts d’excitation/créativité/symbiose avec le groupe et le public suivis naturellement de bas solitaires et dépressifs, d’attente et d’ennui, des cycles de connexion et séparation -, sans parler des performances scéniques elles-mêmes ! Les managers et régisseurs étant souvent les plus pressurisés.

Des capacités d’adaptation et de récupération hors du commun sont indispensables pour tous et à tous les niveaux, physique, mental et social.

Heureusement on peut enfin parler de prévention des risques et de santé mentale dans notre industrie ! et des outils variés sont disponibles, venant essentiellement des secteurs du sport et des neurosciences. Par ailleurs, un changement sociétal est en marche vers la bienveillance, le bien-être, la non-discrimination, le respect, la résilience. Les artistes et leur entourage professionnel peuvent enfin comprendre comment se préparer à leur activité préférée, et éventuellement la plus rentable, sans être voués aux blessures physique ou mentale, aux addictions ou au burn out!

Voici un petit florilège des explications hormonales et des meilleures pratiques à mettre en œuvre.

 

Les hormones : stimulant ou cercle vicieux ? trouver l’équilibre.

 

Tout commence avant de prendre la route. Que ce soit l’anxiété d’anticipation concernant les divers enjeux artistiques, techniques, médiatiques, familiaux etc.,  l’anxiété sociale concernant la dynamique du groupe ou l’intégration à l’équipe, et bien sûr l’anxiété de performance.  Le cortisol, l’hormone de stress est déjà à l’œuvre pour donner l’énergie nécessaire à nous confronter aux challenges. C’est pourquoi la préparation de la tournée bien en amont avec manager et agent est absolument cruciale pour anticiper les soucis physiques ou psychologiques éventuels et adapter les conditions de travail. C’est déjà transformer ce stress en énergie créatrice.

 

La sécrétion des hormones de stress ne va faire que s’accentuer avec les heures de sommeil réduites ou de mauvaise qualité, la vie de groupe, le planning serré, le manque de sport, de nature et de culture et les effets secondaires de la consommation d’alcool et parfois de drogues.

L’anxiété de performance peut être accentuée par les attentes de l’entourage professionnel, des media, du public. Se concentrer au maximum, faire attention à ce que tout et tout le monde fonctionne parfaitement, ce qui n’est jamais le cas. Le son peut s’avérer épouvantable sur scène Et le concert lui-même : enfin, tant attendues, l’adrénaline et la dopamine de la performance !!!  La préparation intensive suivie de la fusion avec le groupe et le public permettent cet état de flow qui décuple l’énergie et les capacités physiques et mentales. C’est sans doute la drogue la plus puissante dont il est si difficile de se défaire, mais dont il faut bien redescendre pour pouvoir récupérer de l’énergie et continuer. D’où la gestion indispensable de l’après-spectacle.

Le mode de vie en tournée met notre corps en contradiction avec notre rythme circadien, notre horloge biologique naturelle régulatrice du sommeil, qui sécrète des hormones particulières en réponse à notre exposition à la lumière ou à l’obscurité.  Sa perturbation a un impact sur l’humeur, le métabolisme, la récupération cellulaire et les processus corporels qui maintiennent en bonne santé.

Les êtres vivants ont une capacité étonnante à s’adapter, se soigner et rester en vie grâce à l’homéostasie qui permet de retrouver spontanément et naturellement un équilibre hormonal et cellulaire par la récupération, avec du temps, du repos et de l’attention. Mais après une exposition répétée à un stress aigu et chronique au fil du temps, le corps s’adapte par le phénomène d’allostasie pour se réajuster à ces « nouvelles normes » en usant nos ressources naturelles.  Le stress qui s’accumule devient chronique et nous impacte de plus en plus, à notre insu puisqu’une habitude s’est créée, d’où les blessures, maladies ou divers automatismes nocifs de compensation pour ‘tenir’. De même, les rushs d’adrénaline très puissants et réguliers deviennent habituels et très addictifs. Le retour à la vie quotidienne ‘normale’ va être d’autant plus difficile et ennuyeuse qu’elle est l’occasion pour tout le corps et le système nerveux de décompresser, indispensable pour récupérer.

Cercle vicieux du stress mental

 

Nous sommes fabriqués pour être vigilants et anxieux depuis l’époque préhistorique où il fallait pouvoir fuir ou attaquer au plus vite. La peur est utile car elle est source d’énergie qui permet de se préparer au danger et agir en conséquence. Cependant lorsqu’elle déclenche une pensée négative trop prégnante ou fréquente, l’anxiété nous empêche de réfléchir calmement et trouver une solution. Une demande accrue de l’hormone de stress entraîne des ruminations incessantes, des postures ou réactions agressives ou au contraire passives et soumises, des erreurs ou blessures par manque d’attention et de calme. L’alcool et les drogues peuvent calmer sur le moment ou prolonger l’effet dopamine mais vont épuiser le système nerveux tout en créant la dépendance, sans permettre de se confronter et résoudre la cause du stress.

Le stress chronique conduit au ‘burn out’, autrefois appelé ‘dépression réactionnelle’ : épuisement et manque total d’énergie, perte de motivation et d’intérêt, négativité, efficacité réduite. Seul soin prioritaire : le REPOS.

 

La sensibilité au stress est différente pour chacun selon les facteurs biologiques, psychologiques (traumatismes infantiles ou transgénérationnels, expériences de vie) et sociaux. Cette sensibilité va être accentuée par l’épuisement physique ou psychologique et les excès de stupéfiants qui peuvent être la cause de décompensations avec des symptômes inquiétants. Il est donc crucial de savoir comment gérer les crises (panique, manie, crise psychotique, auto-mutilation, overdose, violence, pensées suicidaires).

 

Attention, le traumatisme n’est pas le moteur de la créativité comme beaucoup ont tendance à le croire, mais c’est bien la créativité qui aide à soigner le trauma.

Meilleures pratiques 

Préparation physique, mentale et sociale

. Psychoéducation et coaching/thérapie : Les neurosciences confirment de plus en plus l’efficacité de nombreux outils jusqu’alors utilisés de manière empirique pour apprendre à réguler notre système nerveux et équilibrer la sécrétion hormonale tout en changeant nos réactions automatiques face au stress. Comprendre les phénomènes en jeu permet de se motiver pour créer des conditions plus saines et optimiser la gestion des émotions et du stress, la cohésion du groupe et l’état de performance optimale avec des techniques relativement simples mais régulières. Le seul moyen d’en voir les bénéfices est l’entrainement régulier… Il est difficile de se motiver et de créer des automatismes tout seul, d’où l’utilité d’un accompagnement professionnel dont le côté très structuré permet de se concentrer sur des objectifs et d’appliquer des techniques qui ont fait leur preuve tout en les adaptant à nos besoins précis.

Avec des objectifs clairs à court, moyen et long terme, on solidifie le socle motivationnel et on transforme l’impact des croyances négatives anxieuses en challenges positifs qui donnent du sens aux efforts. Clarifier et se concentrer sur nos valeurs profondes permet aussi de gérer les pressions, d’accepter les échecs éventuels et de construire à plus long terme.

 

. La cohésion du groupe : la dynamique du groupe impacte tous ses membres et n’est souvent observable que lorsqu’on se trouve en plein conflit. La scène et le succès exacerbent les égos mais peuvent empêcher la communication.  Il est donc utile d’apprendre à gérer cette dynamique à l’avance en travaillant sur la conscience collective et la place de chacun : reconnaitre les différences culturelles, professionnelles et personnelles et les besoins spécifiques des uns et des autres pour ne pas les vivre comme des agressions personnelles, reconnaitre ses propres besoins par rapport au groupe (ex : s’isoler régulièrement, se protéger de certains stress), les exprimer et apprendre à communiquer de manière pacifique en cas de difficulté,  devenir plus flexible etc.  Il est utile de prévoir d’une part un code de conduite pour prévenir et agir en cas de conflit, et d’autre part un espace de communication sécurisé, sans jugement, avec debriefs et feedbacks positifs et négatifs, avant et après chaque concert. Il est certain que l’harmonie et l’énergie sur scène soignent beaucoup de tensions et vont faciliter la volonté de progresser par la discussion. Il existe des méthodes simples pour positiver la dynamique du groupe.

 

. L’état de performance optimale : c’est le but ultime de l’artiste et de son groupe, le moment de défi, d’hyperconcentration et de fusion entre toute l’équipe et même avec le public, où l’énergie et la créativité sont décuplés, également appelé flow ou flux. Diverses hormones sont secrétées : norépinéphrine, dopamine, anandamide, sérotonine et endorphine. Ainsi toutes les connexions neuronales peuvent être concentrées dans la même direction, grâce à la motivation et l’expertise, mais aussi grâce un grand relâchement mental. Un rituel de préparation juste avant le spectacle permet au cerveau d’être à la fois complètement relaxé et centré, à tester au fil des concerts: échauffement physique, instrumental ou vocal, maquillage/habillage, méditation ou autre. Cependant, cet état optimal génère un tel rush hormonal, qu’il est d’autant plus important d’accepter et de gérer la redescente après-coup. Après chaque concert, et surtout s’il y en a un autre le lendemain, accepter une routine saine pour décompresser tranquillement et retourner dans la réalité calmement, comme avec un repas chaud et sain et dans la solitude.

 

. Relaxation active : se distraire par le jeu, l’art, le cinéma, le contact avec la nature et surtout le sport qui permet de lâcher toutes les pressions et de respirer à fond. Selon le contexte et la personne, on peut utiliser différentes techniques de respiration pour réguler le système nerveux, ainsi que d’autres formes de relaxation (sophrologie, méditation, yoga etc.). En se concentrant sur le corps, on peut relâcher la pression cérébrale. La respiration permet de transformer et tolérer la tension et l’inconfort, et même la douleur, physiques ou mentales.

Les vocalises et le chant harmonisent aussi les tensions tout en créant des endorphines dans le cerveau. On peut en profiter pour improviser sur sa colère et ses frustrations : c’est drôle et très efficace. Le cerveau détendu trouve alors souvent tout seul les solutions ! Chanter aussi ses envies ou affirmations positives pour y croire d’autant plus et travailler sur la procrastination.

L’exercice du chimpanzé permet de lâcher les préoccupations du cerveau émotionnel avant de pouvoir utiliser la partie logique et rationnelle du cerveau : pendant les semaines précédant le départ en tournée et/ou pendant la tournée, écrire toutes les pensées les plus encombrantes, toxiques, inquiétantes qui passent par la tête.

Récupération, distraction et respiration renouvellent l’énergie et créent l’espace mental pour laisser libre cours à l‘intuition et la créativité. Explorer diverses techniques permet de trouver celles qui conviennent le mieux.  Encore une fois, seule la pratique régulière a des résultats et permet d’utiliser ces outils facilement en cas de panique.

 

 

. Soutien émotionnel et connexions sociales :

Parler de ses soucis à au moins une personne de son entourage pour garder du recul et les pieds sur terre avec une vie privée bien distincte de sa vie professionnelle.

Autre possibilité, trouver un psychothérapeute qui permettra de comprendre les blocages, frustrations et patterns névrotiques répétitifs, et les dénouer en les acceptant et en trouvant d’autres moyens de les confronter.

Participer à des activités familiales, communautaires, culturelles ou spirituelles pour redevenir membre d’un autre groupe proche de nos valeurs ou racines, sans être scruté, d’autant que la résilience est renforcée par la compassion et la solidarité.

 

. Détox digitale : s’imposer des breaks des réseaux sociaux, quitte à désinstaller temporairement les applications. Travailler avec les éditeurs pour gérer la quantité et la stratégie de contenu et ne pas se laisser envahir.

 

Préparation logistique et bien-être

. Avec le groupe

Un questionnaire ‘bien-être et santé’ permet de préparer les fiches techniques très en amont de la tournée en anticipant les besoins de chacun. Il est suivi d’entretiens individuels pour optimiser les outils à proposer : sommeil, nutrition, santé vocale et posturale, hobbies, médicaments, préparation physio/psycho et contacts à fournir en tournée. Cet entretien confidentiel permet d’aborder les questions d’alcool et de drogue et la dynamique du groupe, de proposer visite médicale, coach, psy, mentor et informations sur la santé mentale, addictions, éventuels propos sexistes etc.

C’est l’occasion d’identifier et prévenir les risques de violences sexistes ou de harcèlement et de discuter l’éthique responsable de la tournée avec un engagement contre la discrimination, pour l’inclusion, la bienveillance et le respect, en présentant par exemple l’excellente Charte CARE .

C’est aussi l’opportunité de commencer et de prévoir des discussions régulières avec tout le groupe pour travailler sa cohésion.

 

. Avec les salles / agents / promoteurs 

Réussir à imposer les priorités suivantes :

. Un calendrier de tournée réduisant au maximum les trajets, 5 jours de show par semaine max avec si possible un jour off tous les 2 ou 3 jours. Les interviews et médias sont considérés comme jour de travail. Envisager des stops nature, culture, santé permettant l’autonomie des membres de l’équipe et maximisant les possibilités de repos et de sport.

. La règle d’Or : ne pas encourager à la consommation d’alcool ou drogue, notamment dans les loges… Prévoir des espaces de détente et sport sans alcool et sans bruit.

. Catering équilibré

. Signalisation et information sur les lieux du spectacle, autant pour les membres de l’équipe que pour le public, sur les services locaux d’aide d’urgence ou lieux de détente sécurisés. Diffusion d’information sur la gestion de l’anxiété, des addictions, la nutrition etc.

. Partenariats avec salons de coiffure/beauté, massage/kinésithérapeutes, psychologues, sophrologues, cours de yoga.

 

. Manager, tour manager, producteur : modéliser la bienveillance et le ‘care’.

. On reconnait enfin le pouvoir de la communication et l’acceptation des vulnérabilités : parler de nos préoccupations, que ce soit une petite douleur physique, une anxiété précise ou diffuse, l’accumulation de charges mentales, un problème relationnel dans le groupe ou un symptôme de mauvaise santé mentale. Mettre des mots sur les maux, c’est déjà les dissoudre un peu, prendre du recul, travailler sa flexibilité émotionnelle et trouver du réconfort et de l’aide.

. Être attentif aux respects des différences et à l’inclusion. Refuser tout jugement et discrimination – d’abord sexiste ou raciale – et aider à clarifier les cadres relationnels. Parler de ce changement de culture et mobiliser les organisations qui s’occupent des artistes ! Organiser les discussions régulières avec l’ensemble du groupe, avant et après la tournée et les concerts : en faire un moment privilégié.

. Écouter son corps et connaitre ses limites. S’imposer des routines de relaxation, étirements, sport, exercices posturaux ou vocaux, en utilisant son intuition et sa créativité.

. Garder et entretenir le plaisir au-delà de la discipline, trouver l’équilibre entre les 2.

. Garder l’expérience inoubliable d’une tournée et toute la force des enseignements appris (pour mieux se préparer à la prochaine).

. Avec les maisons de disques et éditeurs musicaux 

. Travailler avec l’artiste sur ses réseaux sociaux : limiter la demande permanente de contenu et le produire avec eux,  proposer un budget ou une personne dédiée, fournir les données obtenues par le streaming et leur analyse, proposer des séminaires de formations sur les nouveaux développements digitaux et les meilleures pratiques en matière de santé mentale dans ce domaine.

. Ateliers de formation et séminaires pour apprendre à repérer et aborder les difficultés de santé mentale.

. Nommer un référent ‘bien-être’.

. Offrir des séances de coaching d’équipe sur le lieu de travail ou séances thérapeutiques individuelles

 

Conclusion : Les techniques de coaching des athlètes de haut niveau sont des outils précieux pour les artistes, musiciens et équipes en tournée car elles sont claires et concrètes, basées sur l’expérience et les connaissances en physiologie et psychologie. Elles harmonisent et renforcent les ressources physiques, mentales et sociales. La préparation mentale permet de construire un projet motivant à court, moyen et long terme réduisant considérablement les sources d’anxiété et permettant la résilience lors des moments difficiles. D’autre part, elle a pour but d’identifier et de se préparer à gérer les sources de stress et de fatigues si nombreuses et les contrastes émotionnels si intenses lors des tournées. Surtout, elles transforment le stress potentiel en opportunité de connaissance de soi et de développement de ressources adaptées à chaque individu et au groupe, tout en utilisant sa propre créativité.

Les psychologues ou psychothérapeutes peuvent intervenir pour du coaching thérapeutique, résolutions de conflit ou de crise, ou en thérapie plus approfondie pour dénouer des blocages, symptômes ou défenses névrotiques liés à une histoire traumatique personnelle et familiale.  Ils sont d’autant plus utiles à l’artiste-auteur-compositeur-interprète qui, en plus de sa création artistique et avec l’évolution numérique de l’industrie musicale, doit maintenant gérer 10 métiers et équipes à la fois tout en se confrontant en permanence au grand publicIl s’agit vraiment d’un sport physique et mental de très haut niveau !

Le conseil et la formation peuvent aussi s’adresser aux organisations professionnelles, publiques ou privées, qui gèrent les carrières ou les droits des artistes, vivent de leur travail et ont pour mission de les accompagner et de favoriser leur créativité. De fait, ne se doivent-elles pas de créer pour les professionnels de cette industrie des soutiens équivalents à ceux dont bénéficient les athlètes ?

Il existe enfin des professionnels du coaching sportif et de la psychologie qui viennent aussi de l’industrie musicale. L’expérience – et les liens indissociables entre corps et cerveau – prouvent que ces deux métiers sont complémentaires et ont besoin l’un de l’autre pour se développer et promouvoir cette nouvelle culture du bien-être et du soin de la performance musicale, d’autant plus nécessaires à l’ère des réseaux sociaux et des tournées musicales hors normes.

Quelques ressources :

. MITC www.musicindustrytherapists.com   Touring and Mental Health: The Music Industry Manual (touringmanual.com)  Version française prévue pour 2025.

. https://www.haute-fidelite.org/charte-care/

. ‘Le Corps n’oublie rien : Le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme’ Bessel Van Der Kolk.

. La Lettre Du Musicien  Avr. 2024 N.578

. ‘Psychology of running’ Noel Brick & Stuart Holliday

. https://popetpsy.fr/pop-et-psy-tv/

.Podcast ‘J’Aurais Voulu’ de Charlotte Bedhouche sur le métier d’artiste

. https://www.ted.com/talks/mihaly_csikszentmihalyi_flow_the_secret_to_happiness?language=fr&subtitle=en

. Magazine Sciences Humaines juillet aout 2024 ‘Avoir la niaque, Psychologie de la perseverance’

. Magazine The Psychologist  July 2024 Life Lessons from the Olympics

 

Juin-Juillet 2024 – Par Marie-Agnès Beau, www.mariescounselling.com/mes-services/soutien-aux-artistes-et-professionnels-de-la-musique/, membre du collectif MITC www.musicindustrytherapists.com/therapist/marie-a-beau/

Avec l’aide de Stéphane Quoniam, président de l’Association Prévention Santé des Artistes APSArts www.apsarts.fr , posturologue pour Artistes et coach certifié RNCP en préparation mentale www.postures-artistes.com