Voir aussi la consultation de l’adolescent et le bilan psychologique
Les parents font toujours le mieux possible et sont souvent désemparés devant une attitude incompréhensible ou une immense angoisse de leur enfant. Alors malgré l’inquiétude, la crainte d’être responsabilisé ou culpabilisé et le manque de connaissance de la pratique psychologique empêchent de consulter. Rassurez-vous, le temps est fini où on accusait toujours les parents de tous les maux de leurs enfants. Bien au contraire, ils sont les meilleurs partenaires pour comprendre et soutenir l’enfant. Ils ont aussi besoin d’aide pour prendre du recul, déculpabiliser et mieux comprendre ce qui se passe, mettre des mots sur leurs inquiétudes et être accompagnés dans l’acceptation d’un enfant ‘différent’. On est là aussi pour donner des conseils pédagogiques ou éducatifs et proposer des références de lecture. On peut envisager ensemble de faire un bilan psychométrique ou psychologique pour mettre des indicateurs précis sur des particularités de fonctionnement, montrer à l’enfant – et à son entourage – tout ce dont il est capable et comment il fonctionne.
Les inquiétudes parentales sont normales et permettent de rester vigilants. Elles peuvent être parfois excessives, ou jugées comme telles par l’entourage. Même dans ce cas, il est utile de pouvoir dédramatiser et comprendre. Ainsi tout le monde se porte mieux car on évite de s’enfermer dans le piège d’une spirale d’anxiété et de réactivité. En effet, l’enfant éponge l’angoisse de ses parents et c’est souvent cette angoisse parentale qu’il exprime. Le parent inquiet pourra avoir mis le doigt sur une particularité de son enfant qu’il a besoin de comprendre pour l’accepter, sans en faire un défaut ou une maladie, afin de mieux accompagner son enfant.
Le fait de consulter et de parler d’une situation conflictuelle ou douloureuse suffit très souvent à la transformer, d’autant plus facilement si cette conversation a lieu devant l’enfant: la situation expliquée en dehors du contexte strictement familial, dans un lieu calme, neutre et sécurisé, est acceptée différemment par un professionnel bienveillant et permet déjà d’être considérée d’un autre œil. Les questions du psychologue permettent de clarifier et de verbaliser des sentiments complexes, souvent contradictoires. L’enfant lui-même se sent valorisé, sa douleur a un sens, même si on ne sait par encore lequel.
La première consultation consiste, pour ma part, à faire raconter l’histoire de l’enfant depuis sa conception. Très utile pour la psychologue bien sûr mais tout autant pour l’enfant. Entendre sa propre histoire racontée par ses parents dans un lieu neutre et sécurisant lui permet déjà de mieux se situer et résoudre bien des petites angoisses latentes. C’est toujours une grande histoire d’amour qu’il est bon pour un enfant d’entendre à différentes étapes de son développement, selon les questions qu’il se pose. Cette séance suffit parfois à régler bien des difficultés. Même si certaines choses sont difficiles à dire, il est utile qu’elles soient exprimées – lorsqu’elles concernent directement l’enfant – pour combler un non-dit qui est toujours ressenti et resterait le lieu de toutes les angoisses, de fantasmes ou de rancœur. L’enfant est parfaitement capable de comprendre que ses parents ont pu souffrir, avoir été ou être anxieux et vulnérables, ou même avoir fait une bêtise ou une erreur. C’est tellement humain, et bien plus facile à accepter, sans juger, que de croire que les adultes sont parfaits en se sentant soi-même si fragile et de ne pas se croire capable de grandir pour devenir adulte. Bien sûr, l’enfant peut s’exprimer et poser des questions. Très souvent, il passe une bonne partie de cette première rencontre à dessiner ce bel amour entre ses parents et lui-même… L’expérience prouve que cette consultation est même très efficace pour les bébés qui comprennent ce qui est dit de leur propre histoire: il ne comprendra pas le détail ni les mots, mais la volonté du parent de bien faire et d’être transparent le sécurisera, il sentira leurs émotions, la valeur et la logique de son existence.
A la fin de cette première consultation, on proposera à l’enfant de revenir pour jouer et approfondir ensemble les questions abordées. J’aurai alors une bonne idée de son parcours de vie, des traumatismes possibles, de certaines habitudes anxieuses ou défensives qui me permettront déjà de commencer à comprendre les difficultés, conseiller les parents et rassurer l’enfant. Je demanderais peut-être une deuxième consultation pour affiner ma première évaluation et mieux comprendre la dynamique familiale. Je proposerai un cadre de consultation clair avec un certain nombre de séances avant de faire un point tous ensemble et décider de continuer ou d’espacer les séances, ou de voir un autre spécialiste.
Puis si nous en sommes tous d’accord, l’enfant viendra jouer librement ou parler, ou les deux selon son choix et son âge. En effet, un enfant qui est forcé à venir ne se livrera pas de la même manière, et aura toujours l’impression d’être manipulé, surtout s’il est adolescent. Dès la première rencontre, le jeune enfant appréciera le non-jugement du psy et le fait de jouer librement. Par contre accepter de renoncer à voir un adolescent qui ne souhaite pas venir c’est lui redonner un espace de liberté et l’occasion d’imposer son identité. Il sait que nous sommes à sa disposition en cas de souffrance intense et que nous respecterons toujours la confidentialité. La confiance est la seule base possible des entretiens.
Un adolescent en demande spontanée pourra souhaiter venir sans ses parents, ce qui est aussi bien. Même avec de nombreux pré-adolescents, il est nécessaire que les parents et l’enfant lisent et réfléchissent au cadre de confidentialité. Voir détails sur la consultation de l’adolescent et son cadre de confidentialité.
Chez les plus jeunes, on voit très vite se reproduire les mêmes jeux, ou les mêmes thèmes dans les jeux et dessins qui mettent en avant une problématique particulière. Mon rôle est alors de mettre des mots sur les émotions de la façon la plus bienveillante possible pour permettre à l’enfant de comprendre et accepter ce qu’il ressent. Je pourrais aussi proposer moi-même à l’enfant des jeux de rôle en utilisant les poupées ou les animaux, des ‘histoires thérapeutiques’, des jeux de ‘mindfulness’ pour apprendre à respirer pour contrôler ses émotions, des techniques pour se débarrasser de sa colère etc. Le bac à sable est un outil particulièrement efficace. Parfois il s’avérera utile de voir la maman avec l’enfant ou l’un des parents seul sans l’enfant pour approfondir une question particulière.
Ainsi, la plupart des difficultés qui surgissent avant 6 ou 7 ans peuvent être rapidement résolues par un soutien et un accompagnement souple et adapté. Des petits tests psychologiques, amusants et rapides, souvent à partir de dessins et/ou d’histoires à raconter, permettent de mettre le doigt sur les problématiques de l’enfant et d’approfondir la discussion. Ils ont aussi une valeur thérapeutique. Voir plus d’information sur ses tests dans le bilan psychologique. Si les troubles persistent et sont insupportables, je me permettrais de renvoyer sur des collègues plus spécialisés que moi.