‘L’adolescent a peur de se confronter au monde des adultes, mais, parce que l’idée de dépendance aux parents lui est tout aussi insupportable, il se rend désagréable en s’opposant ou, au contraire, en restant collé à eux. L’adolescent qui va mal ressemble à la blague d’Astérix chez les Corses, «Tu as regardé ma sœur, qu’est-ce que tu lui veux?» avant d’ajouter aussitôt : «Quoi, tu l’as pas regardée ? Tu ne la trouves pas belle, peut-être?»’ Philippe Jeammet (psy spécialiste de l’adolescence ‘Différencier et Construire’). Cette comparaison convient d’autant mieux à l’adolescent qu’il est particulièrement sensible à son image et au groupe social.
C’est souvent à partir de 12 ans qu’un enfant devient adolescent, et les premiers signes de préadolescence (changement hormonaux et corporels) peuvent apparaitre dès 9 ans. Le jeune se sent mal et cherche son identité parce que son corps et son cerveau sont tous deux en plein bouleversement. La bonne nouvelle est que son cortex préfrontal – qui permet d’intégrer les expériences, connaissances et émotions emmagasinées depuis la naissance – est en train de se structurer et va lui permettre de réfléchir avant d’agir. Cela demande beaucoup de temps car ce n’est pas avant l’âge de 25 ans qu’il est entièrement organisé… C’est donc le bon moment pour l’aider à faire ce travail d’intégration : donner du sens à ses sensations et ses angoisses, lui montrer qu’il est tout à fait capable de réfléchir pour comprendre qui il est et de devenir indépendant.
Pour qu’il puisse s’exprimer facilement en toute liberté et en toute confiance, il est indispensable qu’il soit assuré qu’on ne va rien répéter aux parents. D’autant plus que ce sont les parents qui paient les séances et le plus souvent poussent leur enfant à aller voir le psy ! De fait, les parents ont souvent besoin de savoir ce qui se passe lors des séances, de voir des progrès rapidement, et d’apporter des informations ou de poser des questions sur les dernières frasques insupportables ou inquiétantes de leur ado. Rien de plus naturel ! Alors, en prenant exemple sur les psys britanniques qui n’hésitent pas à imposer un contrat à leurs clients, voici un document qui permet de bien cadrer la confidentialité et la communication avec les parents. Il est intéressant de noter que les jeunes comprennent et acceptent immédiatement ce cadre et que les parents ont beaucoup plus de difficultés à l’appliquer, même après l’avoir lu, compris et accepter d’emblée.